Je ne peins pas pour représenter.
Je peins pour laisser apparaître
ce qui ne se montre pas,
ce qui n’a pas de forme connue.

Ce ne sont pas des tableaux —
ce sont des surfaces,
des tensions,
des formes qui surgissent sans prévenir,
comme si elles décidaient elles-mêmes
du moment où elles veulent exister.

Parfois ça tient.
Parfois ça casse.
Je ne sais jamais à l’avance.

Et c’est ça qui me pousse à continuer.

C’est là, devant moi :
une présence fragile
mais indiscutable.

Je travaille sur bois brut
parce qu’il ne ment pas.
Parce qu’il oppose une résistance.
Parce qu’il oblige à aller
jusqu’au bout de chaque geste.

Je creuse,
je recouvre,
j’efface,
encore et encore,
jusqu’à ce qu’une forme émerge —
équilibre ou effondrement,
je ne sais pas toujours faire la différence.

Une peinture, pour moi,
c’est ce qui reste
quand il n’y a plus rien à dire.
Quand tout s’est tu.
Quand il ne reste que le silence.